Sida en Tunisie...chiffres et économie

Publié le par scorangel

Le premier cas de VIH/sida en Tunisie date de 1985. Selon la DSSB, entre 1985 et 2005, près de 1 299 personnes ont été déclarées officiellement atteintes, dont 863 au stade de sida, soit une proportion de prévalence de 1 cas/10 000 habitants.
(mais le chiffre exact est bcp plus élevé!!!)

Toutefois, il faudrait revoir le système de surveillance puisque près de 50% des patients sont découverts à un stade avancé de la maladie, signe d?une insuffisance des capacités du système de surveillance à dépister les cas de séropositivité.
Une remarque : le VIH/sida est la maladie des pauvres en Tunisie.

62% des PVVIH sont chômeurs, 18% disposent d?un emploi précaire (femme de ménage, aide-maçon, commerçant ambulant, ouvrier non qualifié?), 14% bénéficient d?un emploi stable (ouvrier qualifié, cadre moyen), 6% femmes au foyer, environ 90% proviennent d?un milieu socio-économique défavorisé et 4/5 arrivent à survivre grâce au soutien de la famille.
Si on risque de devenir un pays à haut risque, ce sera pour plusieurs raisons, dont la jeunesse de la population (près d?un tiers de la population tunisienne a aujourd?hui entre 15 et 30 ans).
Durant les années à venir, cette catégorie de la population, la plus concernée par la vulnérabilité face au VIH/sida, augmentera en nombre et en poids dans la population.
Avec l?évolution des m?urs, les jeunes se marient de plus en plus tard, alors même que leur perception de la sexualité est moins traditionnelle que celle des générations précédentes.

La Tunisie peut craindre une augmentation spectaculaire du nombre des infections dans les années à venir à cause :
- D?une part, de la faiblesse des systèmes de surveillance et le manque de projets de recherche socio comportementale, associés à des services de dépistages très limités ne permettent pas de mieux comprendre la portée réelle de l?infection au VIH et de son impact.
- La non disponibilité des préservatifs dans les universités, les hôtels et l'absence de distributeurs automatiques de préservatifs et le prix sont des facteurs qui rendent difficile leur utilisation, bien que la religion soit un facteur incitant à leur utilisation.
- D?autre part, à cause de la libéralisation de la vie sexuelle, le développement des relations extraconjugales, le développement de la prostitution illégale dans les grandes villes et les villes touristiques, la cherté des préservatifs qui demeurent vendus uniquement dans les pharmacies, à un prix moyen dépassant 3.500 DT les 3 unités et le tourisme sexuel.

Ce tourisme est plutôt un tourisme balnéaire et non un tourisme sexuel. Néanmoins, le tourisme sexuel existe et est appelé à augmenter en Tunisie vu l?augmentation de la prostitution clandestine de luxe.
Une situation qui n?est pas trop préoccupante pour le moment, mais qui a fait le sujet d?études sur l?impact d?une éventuelle propagation endémique.

L?impact macroéconomique du VIH/sida dans la région MENA a été analysé pour la première fois dans une étude de la Banque mondiale en 2003.
La Banque mondiale a publié une étude cherchant à estimer les coûts économiques potentiels d?une propagation du VIH/sida dans la région du Moyen Orient et de l?Afrique du Nord, région de faible prévalence.
Les auteurs ont cherché à estimer l?impact macroéconomique du VIH/sida dans 9 pays du Moyen Orient et d?Afrique nord (Algérie, Djibouti, Égypte, Iran, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie et Yémen).

Les principales conclusions de l?étude sont que le risque de propagation du VIH/sida dans la région est réel et que l?impact économique de l?épidémie pourrait être considérable.
Les auteurs estiment qu?entre 2002 et 2025, les taux de croissance pourraient perdre entre 0,2 et 1,5 points par an et, en 2025, le PIB pourrait être réduit de 35% par rapport à son niveau en 2002.
Les dépenses publiques de santé pour traiter toutes les maladies liées au VIH/sida pourraient coûter 1,2% du PIB/an en 2015.

Les auteurs de l?étude ont développé un modèle de croissance optimale pour évaluer les risques et impacts macroéconomiques d'une propagation de l'épidémie du VIH/sida par deux modes de transmission : les rapports sexuels et le partage des seringues.
L?étude estime les coûts de l?inaction pour les économies de la région et recommande une intervention immédiate des autorités publiques pour lutter contre l'épidémie par une distribution gratuite des préservatifs et des seringues.

Dans le cas de la Tunisie, le modèle estime que le VIH/sida risque de s?amplifier dans les années à venir et donc d?avoir un impact économique considérable sur la croissance démographique, les dépenses de santé, la croissance et la production.

Les estimations sont les suivantes :

- Taux de prévalence du VIH/sida moyen en l?an 2015 de 4%

- Réduction de la force de travail de 3,5%

- Réduction du taux de croissance du PIB pour la période 2000-2025 de 0,34% par an, en moyenne

- Réduction de la production de 45% (2000-2025)

- Augmentation des dépenses de santé liées au VIH/sida de 1,2 % du PNB en moyenne en 2025.

L'étude montre également les gains d'une intervention préventive à travers un élargissement de l'utilisation des préservatifs de 30% et de l'utilisation de seringues propres de 2


http://www.tunisieaffaire.com/articles.php?id=723

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